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Rob Spiro dans l’un des salons de The Merode à Bruxelles. ©ANTONIN WEBER / HANS LUCAS

MAXIME SAMAIN

Aujourd’hui à 03:00

Après avoir vendu son entreprise à Google, Rob Spiro s’est fixé comme objectif de lancer des entreprises qui ont un impact sociétal ou environnemental.

Dans la moiteur inattendue de cette fin d’été, Rob Spiro est comme un poisson dans l’eau. Autant habitué aux grosses chaleurs californiennes qu’à la météo plus capricieuse de la région nantaise où il a émigré par amour, il était de passage à Bruxelles pour rencontrer et inspirer les jeunes pousses locales à l’invitation du Réseau Entreprendre. L’occasion pour l’Echo de s’entretenir dans un français aussi impeccable que surprenant avec ce serial entrepreneur qui aime avant tout lancer des start-ups et avec de l’impact, sinon il passe son chemin.

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L’homme a de quoi tenir plusieurs heures pour raconter son parcours et sa vision de l’entrepreneuriat. Ce diplômé de Yale en histoire a flairé le bon coup en s’associant aux trois fondateurs du projet Aardvark après avoir appris le codage informatique par lui-même. Ce moteur de recherche pour réseaux sociaux attire le géant Google qui s’en empare pour 50 millions de dollars en 2010. On lui déroule alors le tapis rouge pour ses envies business. L’occasion pour lui de faire ce dont il a envie: mêler business avec impact et faire rimer start-up avec sens. Mais avant, il fera un an chez Google et travaillera sur le défunt Google+ et l’outil de visioconférence Google Hangouts.

Sa « conscience business » ne date pas d’hier selon lui, mais il n’a pu l’appliquer dans son parcours qu’une fois un certain statut d’entrepreneur à succès acquis. « J’ai toujours eu envie d’avoir cet impact positif. Depuis l’enfance, je pense. Mais j’ai dû attendre d’avoir l’opportunité de le faire. Quand j’ai vendu ma première start-up à Google, j’ai eu des investisseurs prêts à me suivre pour n’importe quelle aventure. » Vendre son entreprise à Google, cela ouvre des portes, indéniablement.  « En Europe, on est souvent moins ambitieux parce qu’on réfléchit par pays et donc le marché potentiel est plus petit. »Partager sur Twitter

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Une idée sans business plan

C’est le début de l’aventure Good Eggs. « On a débuté avec une mission, mais pas de produit ni de business plan. » La mission que se fixe la start-up est de faire grandir et rayonner les écosystèmes locaux de produits frais en appliquant de la technologie et de la logistique aux circuits courts pour les rendre populaires. Après des débuts en fanfare dans la baie de San Francisco, la start-up a eu du mal à s’étendre au-delà. Une mauvaise passe en 2015 l’obligera même à licencier 140 employés avant de rebondir et de s’étendre pour de bon dans le sud-ouest des États-Unis.

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L’entreprise a levé plus de 100 millions de dollars en 2021 et recruté plus 400 personnes ces dernières années. Mais notre interlocuteur s’en était déjà éloigné. Début 2016, Good Eggs est devenu un mastodonte logistique, mais dont l’impact reste régional, Rob Spiro recrute alors une nouvelle CEO pour le remplacer et plie bagage.Vue en plein écran

L’entrepreneur californien aime avant tout lancer des entreprises. C’est là qu’il s’amuse. Il débarque à Nantes par amour en 2016 avec l’envie d’élever leur progéniture en Europe plutôt que dans l’excentrique Silicon Valley. Rob Spiro a épousé sa femme et le pragmatisme européen. Mélangé à son audace américaine, il a voulu faire de ce cocktail détonnant quelque chose qui dure, qui touche beaucoup de monde et qui implique les entrepreneurs du coin. C’est comme ça qu’est né « Imagination Machine », un start-up studio où Rob et son équipe s’impliquent dans chaque entreprise sélectionnée pour être accompagnée comme si c’était la leur.

Avec de l’argent d’abord, mais surtout avec du temps, des conseils et des mains dans le cambouis pour aider les jeunes pousses à décoller. « La communauté business locale m’a super bien accueilli et a voulu travailler avec moi. » Dans cette fabrique à entreprises, lui et ses associés, Julien Hervouët, Adrien Poggetti et Vincent Roux, n’acceptent que des start-ups à impact. « Mais plutôt que se concentrer d’abord sur le projet, nous investissons avant tout dans des hommes et des femmes, la bonne idée vient généralement après », confie Rob Spiro.« Un business rentable immense, mais qui n’a pas d’impact sociétal ou environnemental, cela ne m’intéresse pas. »Partager sur Twitter

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Plusieurs succès notables

Parmi les succès notables à épingler depuis le début de cette aventure, La Smala, site e-commerce de vente de vêtements pour enfants de seconde main qui est devenu une référence en quelques années dans l’Hexagone avec plus de 10.000 vêtements qui sont traités et mis en ligne chaque jour dans les hangars de la jeune pousse.

Toujours au rayon enfants, Les Minis Monde, des magazines éducatifs et des jouets écoresponsables pour les petits, sont une belle réussite à l’échelle française. Tout comme Beem qui démocratise l’accès à l’énergie solaire. Rob Spiro n’oublie pas non plus d’enfiler sa casquette d’investisseur quand il le faut, même si « on crée des entreprises avec un maximum de valeur, mais on ne pense qu’à la revente dans un horizon de 5 à 7 ans après la création ».

Faire un exit, comme on dit dans le milieu, ne se fait pas en Europe comme dans la Silicon Valley. « Ici, il faut toujours travailler avec des banquiers d’affaires pour revendre une entreprise. Aux États-Unis, même pour des deals à plusieurs dizaines de millions, ce n’est pas le cas. Il n’y avait pas d’intermédiaire entre nous et Google à l’époque, par exemple. » Autre différence notable entre les deux continents, c’est la mentalité des entrepreneurs qui viennent le trouver avec une idée. « En Europe, on est souvent moins ambitieux parce qu’on réfléchit par pays et donc le marché potentiel est plus petit. »« Un végétarien qui roule dans un gros SUV a plus d’impact positif qu’un cycliste qui consomme de la viande tous les jours. »Partager sur Twitter

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Le sandwich du capitalisme

Entre le moment où il a vendu Aardvark à Google en 2010 et aujourd’hui, la définition de succès pour une start-up a évolué. « Dans la Silicon Valley, la définition du succès est souvent liée au statut de licorne ou à un exit. En Europe, où la culture business est plus conservatrice, la définition du succès est différente. Et c’est quelque chose que j’ai appris à apprécier. Ici, c’est la rentabilité qui fait le succès. Et si on peut faire quelque chose de très grand, c’est tant mieux, mais c’est la rentabilité qui prime. »

La notion d’impact lui est chère. Mais où placer l’impact par rapport au succès et à la rentabilité ? « C’est très personnel comme question. Pour moi, l’impact est devenu plus important que la rentabilité. Améliorer le monde autour de nous, réduire l’impact environnemental de nos sociétés, améliorer la santé, réduire les inégalités, c’est prioritaire. Un business rentable immense, mais qui n’a pas d’impact sociétal ou environnemental, cela ne m’intéresse pas. »

Source : https://www.lecho.be/entreprises/technologie/rob-spiro-imagination-machine-le-succes-d-une-start-up-doit-d-abord-se-mesurer-a-son-impact/10491493.html

Catégories : Rob SpiroStart-up

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